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La lutte contre la BVD est d’intérêt collectif
8 janvier 2018 | Informations générales

La Diarrhée Virale Bovine (BVD) est une maladie des bovins aux signes cliniques variables. Elle n’est pas transmissible à l’homme. Le pouvoir immunodépresseur du virus influence fortement la santé générale du troupeau. La BVD peut être responsable de problèmes reproducteurs, pathologies néonatales et chutes de production.

Un programme d’éradication se met en place dans 19 départements du Grand-Est de la France. Demain, tous les départements français pourraient être concernés par un programme collectif BVD. En effet, un arrêté ministériel est en préparation.
Pourquoi une éradication ? Est-ce possible ? Est-ce d’intérêt économique pour les éleveurs ? Des questions qui ne restent pas sans réponse.

 

1. L’éradication est-elle possible ?

La réponse est sans aucune ambiguïté OUI. La preuve est donnée par plusieurs pays européens qui sont arrivés à éradiquer la BVD comme la Finlande, la Suède, la Norvège, l’Autriche ou encore la Suisse qui en est maintenant toute proche et avec qui nous partageons plusieurs centaines de kilomètres de frontière.

Comme tous les programmes sanitaires d’éradication des maladies animales d’intérêt collectif, le programme d’éradication de la BVD que mènent les GDS du Grand Nord et Est de la France est un programme à envisager sur la décennie à venir. Il comprend 3 phases stratégiques. Le dépistage systématique des veaux nouveaux nés n’est que la première phase de ce programme collectif. Une seconde phase reposera sur la surveillance annuelle des cheptels sains et la continuité de l’assainissement des cheptels non encore assainis s’il en reste. La phase finale permettra, elle, la surveillance de tous les cheptels pour garantir l’éradication de la BVD dans le temps.

La volonté d’un tel programme collectif de lutte repose sur un fondement économique. La BVD coûte cher, il est urgent d’en réduire les impacts techniques pour garantir la santé économique des cheptels déjà très affaiblie de toutes parts. D’ailleurs, si à l’avenir le statut sanitaire des élevages au titre de la BVD était pris en compte dans le commerce international nous ne pourrions que nous en féliciter, mais ce n’est encore pas le cas.

Enfin parler de précipitation, de méconnaissance de l’épidémiologie de la maladie et profiter de la diversité virale pour volontairement semer le trouble sur une maladie connue et étudiée sur tous les continents ne semble pas reposer sur une volonté objective d’information des éleveurs. A défaut d’un ciblage de l’information ou d’étude approfondie des champs lexicaux, les GDS concentrent leur énergie sur la recherche et la mise en application d’éléments techniques et scientifiques, qui portés à la connaissance des éleveurs concourent à une réelle optimisation sanitaire.


2. Les méthodes d’analyses sont-elles fiables ?

Les méthodes d’analyses au titre de la BVD utilisées dans le cadre du programme collectif ont été approuvées par l’ANSES. L’ANSES est l’agence d’évaluation des risques chargée de la sécurité alimentaire. Son indépendance garantit la fiabilité de ses évaluations auxquelles sont par exemple soumises les stratégies conduites par l’État. Il n’y a donc pas lieu de douter de la fiabilité des méthodes d’analyses sur lesquelles reposent tous les succès d’assainissement antérieurs. Il faut également ajouter que les analyses conduites sur des échantillons de cartilage auriculaire sont, lorsqu’elles débouchent sur un résultat positif, presque systématiquement doublées d’un recontrôle par analyse de sang pour confirmer le résultat.

 

3. Quel est le coût de la maladie ?

C’est un vrai débat et les estimations dépendent des méthodes de calcul. Néanmoins, l’ensemble des experts européens, (Allemands, Belges, Français et Suisses) estiment que les pertes dues à une circulation virale vont de 10 à 20€ pour 1000 litres de lait produit et de 50 à 150 Gr de GMQ par jour de croissance. A cela doit être ajouté l’impact des mortalités et de la morbidité augmentée de près de 30%, la charge de travail supplémentaire (et l’incidence psychologique des faits dans des considérations moins économiques). A ces coûts directement induits par le passage de la BVD en élevage doivent aussi être associés les coûts d’assainissement et de prévention, tels que les frais vétérinaires, les frais vaccinaux annuels et le coût de la réforme.

Les experts sanitaires Belges, Suisses, Allemands et Français estiment le retour sur investissement entre 5 à 8 ans selon le niveau de contamination de départ.

Enfin il semble intéressant de rassurer l’opinion sur la gestion tant financière que technique de ces programmes de lutte collectifs. Tous les éléments de décision sont analysés et évalués très précisément pour garantir l’intérêt technico-économique des projets sanitaires. Il est inconcevable en 2017 d’imaginer porter un projet, d’autant plus dans le monde de l’élevage, sans en garantir sa rentabilité et c’est pourquoi l’éradication de la BVD a sans doute mis du temps à être généralisée. A l’heure actuelle l’évaluation coûts/bénéfices conduite pour le programme collectif de lutte contre la BVD garantit une gestion technique optimale et un retour sur investissement à moyen terme. C’est pourquoi il a été décidé d’engager cette lutte.

 

4. Un programme similaire existe en Suisse depuis plusieurs années, certaines communications parlent d’échec ! Est-ce vrai ?

Il n’est ni objectif, ni scientifiquement fondé de publier ceci. Si l’échec de tout un pays doit se résumer à quelques foyers résurgents alors l’efficacité de la lutte en santé animale doit être entièrement réévaluée et pour les nombreuses décennies passées. Concrètement, la Suisse, qui comprend 23 cantons, rencontre des problèmes dans 1 seul canton, le canton de Fribourg. 12 cantons sont déjà Indemnes et 10 cantons ont entre 2 et 10 bovins positifs (chiffres suisses de septembre 2017).

Concernant la Suisse, la situation est très différente de la France au moins sur 2 aspects :

  • La Suisse a interdit l’utilisation de la vaccination pendant le programme, ce qui n’est pas notre cas et la vaccination a un intérêt pendant la phase d’assainissement,
  • La Suisse a une pratique d’estive de mélange de beaucoup de troupeaux, ce qui n’est pas non plus le cas en zone de programme collectif BVD.

Ces éléments peuvent expliquer à eux seuls la résurgence de ces quelques foyers en Suisse.

Plutôt que de vouloir semer le doute sur l’atteinte des objectifs Suisse, il nous semble plus efficace de féliciter cette lutte collective rondement menée. Évidemment, nous n’ignorons pas les nouvelles circulations virales et c’est pourquoi le retour d’expérience de nos voisins suisses sur ces points d’amélioration constitue pour nous un bénéfice quant à la gestion en amont de ces points de vigilance. Il est bien naïf de croire ou de vouloir faire croire que le monde du vivant permette d’obtenir des résultats binaires.

 

5. La forme clinique de la BVD : « la maladie des muqueuses » est-elle rare ?

Avant la mise en place du programme, près de 80% des bovins détectés IPI n’atteignaient pas l’âge de 2 ans. Ces chiffres sont corroborés par le nombre de veaux nés IPI et le nombre de vaches adultes détectées lors des recontrôles, soit moins de 5%. On peut se demander où sont donc passés les veaux femelles nés IPI s’ils ne sont pas détectés adultes ? Pour la grande majorité, ils sont morts avant.

Pour des informations complémentaires, contactez votre GDS qui se fera un devoir de compléter les informations techniques nécessaires à la compréhension de ce programme sanitaire collectif. De nombreuses informations concernant cette maladie sont disponibles sur ce site contrelabvd.com. Vous pourrez y trouver des chiffres et l’évolution du programme d’éradication des 19 départements activement engagés dans cette lutte à l’heure actuelle.

LES GDS GRAND EST